Viol collectif antifrançais à Evry : le procureur avait délibérément nié le caractère raciste du crime

Jusqu’à vendredi se tient le procès du meneur de la bande d’Evry, jugé en appel pour avoir commis un viol collectif raciste et des actes de barbarie sur une jeune fille de 18 ans en 2014. Bien que le jeune homme et ses complices aient explicitement revendiqué le caractère anti-français du viol, le procureur en charge de l’affaire à l’époque a délibérément choisi de « dire que ces éléments étaient faux pour éviter toute récupération politique », a révélé un journaliste du Parisien mercredi.

[Mise à jour : vendredi, le tribunal de Melun a de nouveau condamné le jeune homme de 20 ans à 30 ans de réclusion ]

Quatre agresseurs, quatre heures de calvaire

Le Parisien livre un récit glaçant des faits :

« Ce matin du 30 mars 2014, à Evry, vers 5 heures, deux automobilistes découvrent une jeune femme de 18 ans, le visage tuméfié et en état de choc, errant dans la rue. Elle leur explique avoir été violée par quatre inconnus. Raccompagnée chez ses parents, la victime est prise en charge par les secours puis auditionnée par les policiers. Le récit du calvaire qu’elle a vécu est insoutenable. Cette nuit-là, la jeune femme est rentrée d’une soirée à Paris en RER et descendue à la station Evry-Courcouronnes. Il est alors aux environs de 1 heure du matin. En sortant de la gare, elle croise quatre individus coiffés d’une capuche. Le plus grand enfile une cagoule et exige qu’elle lui remette son téléphone portable. Ses acolytes sortent une bombe lacrymogène, un tournevis et un brise-vitre. L’accusé commence à la fouiller, s’empare de ses bijoux et s’adonne à des attouchements sexuels.

Puis ils entraînent la jeune femme derrière un talus, la déshabillent tout en la frappant, et la violent. Alors qu’un passant approche, les agresseurs la contraignent à se rhabiller sommairement. L’accusé la prend par l’épaule et l’emmène dans le parc des Coquibus. Il abuse à nouveau d’elle tout en fumant des cigarettes. Les trois autres la frappent à coups de bâton. Ses tortionnaires la violent encore à plusieurs reprises, la torturent, l’humilient, en s’adonnant à des actes indicibles durant deux heures.

Avant d’abandonner leur victime dans la nuit, ils la rouent encore de coups de pied et de poing au visage et sur tout le corps avec la volonté de la voir saigner. Puis la menacent de mort, elle et sa famille, si elle les dénonce. »

 

« Le procureur d’Evry avait choisi de dire que ces éléments étaient faux »

Grâce à la vidéo-surveillance, les bourreaux sont rapidement identifiés et arrêtés. Il s’agit de quatre mineurs : deux de 13 ans, un de 15, le quatrième de 17. Trois frères turcs et un Marocain, résidant à Evry et Courcouronnes. Selon Valeurs Actuelles, « l’aîné, âgé de 17 ans, a été rendu à la liberté six mois plus tôt après avoir purgé les deux tiers d’une peine de deux ans d’emprisonnement à la suite d’un viol commis sur le fils d’un sous-officier de gendarmerie. »

D’après Le Parisien, le procureur d’Evry Eric Lallement a choisi de nier la dimension raciste du crime malgré les preuves : « Face aux enquêteurs, cette bande avait avancé des motivations racistes « anti-français », en admettant avoir demandé à la victime ses origines. À l’époque, le procureur d’Evry avait choisi de dire que ces éléments étaient « faux », car la famille souhaitait « éviter toute récupération politique ». Mais le meneur avait notamment indiqué en garde à vue : « Quand je sortirai je niquerai la France. » Un complice avait pour sa part reconnu s’en être pris à cette jeune fille « parce qu’elle est française et qu’il n’aime pas les Françaises ». »

Lors du premier procès de 2015, seuls le Nouveau Détective et Valeurs Actuelles avaient mis en avant la dimension anti-française de l’affaire. L’information, relayée sur les réseaux sociaux notamment via Fdesouche, avait scandalisé de nombreux internautes qui accusèrent médias et politiques de cacher un crime anti-français dans le bastion de Manuel Valls, alors Premier Ministre.

Le maire d’Evry admet « des consignes de diète médiatique »

Interrogé par Le Parisien en 2015, le maire PS de la ville d’Evry Francis Chouat, remplaçant de Manuel Valls dont il avait été l’adjoint, a livré des explications pour le moins acrobatiques sur cet escamotage de l’information : « J’ai été amené à gérer les choses avec le maire de Courcouronnes (Stéphane Beaudet, Les Républicains). Il y avait eu des consignes de diète médiatique, à la demande des parents. Ce n’était pas pour l’image de la ville. » En dépit des justifications avancées, Francis Chouat reconnaît donc une implication des élus locaux pour étouffer la partie sensible de l’affaire.

Le Parisien cite également une « source proche du dossier » : « Les juges ont choisi de retenir les qualifications les plus graves de viols et d’actes de tortures et barbarie, qui font encourir la peine la plus forte. Y ajouter l’injure raciale ne change rien à la peine encourue ». Comme si la peine encourue était le seul enjeu d’un procès et l’établissement des faits un aspect secondaire.

La victime est dévastée, sa famille forcée de déménager

Jugé en première instance en 2015, le meneur avait écopé de 30 ans de prison. Âgé de 17 ans au moment des faits et récidiviste, l’excuse de minorité lui avait été retirée. Ses trois complices de 13 à 15 ans ont été condamnés à des peines de prison comprises entre 5 et 7 ans. Ils sont présents en tant que témoins au procès. Le tribunal de Melun rendra son verdict vendredi. La victime, quant à elle, est « encore dévastée », selon les mots de son avocate Sandra Kayem. Sa famille est suivie par des psychiatres et été contrainte de déménager.