Trente-cinq ans après le procès aux Assises de Paris de ses trois violeurs, Claudine Cordani, la première mineure de France à avoir refusé le traditionnel huis clos lors du procès de ses violeurs, prend la parole publiquement. Elle témoigne notamment de la culture de l’excuse qui a permis à ses violeurs d’obtenir des « circonstances atténuantes » alors même qu’il s’agissait d’un viol collectif sur mineure avec elèvement, séquestration et menace armée, et que les criminels avaient été pris en flagrant délit.
Un point de son témoigagne est particulièrement éloquent : « Les jurés ont estimé les trois hommes coupables, mais leur ont accordé des circonstances atténuantes, rapporte la dépêche AFP publiée à l’époque. Dans sa plaidoirie, l’avocat de la défense avait affirmé que « c’est la sexe-société qui est la cause des viols, nos clients n’en sont que les effets. » »
Voici ce que Claudine Cordani a écrit le 8 octobre sur Twitter, en y ajoutant des copies de documents d’époque :
« Je suis la première mineure de France a avoir refusé le huis clos lors du procès de mes violeurs. Parce que je n’avais pas à avoir honte d’avoir été violée (enlèvement, séquestration, menace armée, viol en réunion, flagrant délit, sacré dossier…) Et je voulais que ça se sache. J’ai été violée en février 1984. J’avais 17 ans. Le procès de trois jours aux assises s’est déroulé presque dix-huit mois après. Voici la dépêche AFP qui est tombée après la délibération (presque deux heures).
D’avoir donné une interview m’a donné envie de devenir journaliste. J’avais découvert, là, un métier formidable, qui permettait de relater aux autres ce que certain.e.s avaient vécu. Je suis devenue journaliste, mais travaillant dans l’ombre. J’avais été menacée de mort.
Dans la presse, comme pour le reste, tout est relatif. Dans le traitement médiatique de ce procès, j’ai lu des choses contradictoires. Comme vous le verrez ici, le #JDD parle de procès exemplaire quand l’#AFP précise qu’ils « ont été condamnés aux peines requises les plus légères ».
J’ai choisi de m’appeler Caroline pour la presse. Ça ressemblait presque à Claudine.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Belle soirée à vous. »