M., jeune mère de 24 ans que certaines d’entre vous ont pu entendre dans le podcast Radio Chaton qu’elle co-animait avec Solveig Mineo en 2018, livre son témoignage sur son harcèlement dans les milieux conservateurs dits « de droite », qui eut des répercussions considérables sur sa vie et sa santé. Il n’y a pas encore eu de #MeToo à droite, alors que ce ne sont pas les affaires graves de harcèlement misogyne, de revenge porn et d’agressions sexuelles qui manquent dans ce milieu. Nous publions la première partie de son témoignage ici. La seconde est disponible dans l’article suivant. Une traduction en anglais de son témoignage est également disponible. Nous savons d’avance la haine et le mépris que ce témoignage ne manquera pas de susciter. C’est en pleine conscience des risques que nous le publions, parce qu’il nous semble urgent de libérer la parole des femmes, qui se taisent depuis trop longtemps terrées dans la honte, laissant ainsi toute latitude aux harceleurs de poursuivre leurs violences en toute impunité.
Avant-propos
Ce récit est décomposé en deux parties. La première, générale, vise à exposer les raisons purement idéologiques ainsi que les contradictions inhérentes aux courants de pensée dits “de droite” pouvant amener une femme s’étant toujours sentie de cette sensibilité politique à la renier et à quitter définitivement ses milieux militants. Il s’agit là d’un point de vue purement subjectif: mes paroles n’engagent que moi et je ne prétends pas parler au nom des autres femmes de droite.
La seconde, plus personnelle, vise à témoigner du (cyber-)harcèlement moral que j’ai subi, ainsi que d’autres femmes, dans les mêmes milieux.
Il m’a fallu énormément de courage pour rédiger cet article. Tout d’abord parce qu’il n’est pas aisé de replonger dans des évènements traumatiques de votre passé, particulièrement lorsque vous n’avez jamais réellement réussi à tourner la page ; ensuite car les réactions déplaisantes qu’il va probablement susciter sont assez prévisibles. On pourrait me rétorquer que ces évènements ne concernent qu’un microcosme et qu’il n’est donc pas intéressant d’en parler. Le (cyber-)harcèlement moral, dans sa forme misogyne, touche absolument tous les milieux et toutes les sphères politiques, militantes, sociales et culturelles: on ne lutte pas contre un phénomène d’aussi grande ampleur en minimisant la portée du témoignage d’une personne, parce que celui-ci ne concernerait qu’un milieu restreint. Le scandale de la Ligue du LOL concernait lui aussi une sphère restreinte, celle du journalisme de gauche, et sa portée a pourtant été exceptionnelle. Même chose pour le phénomène #MeToo, qui a pris sa source dans la dénonciation de viols et d’agressions sexuelles au sein de la communauté — restreinte et inaccessible à la majorité d’entre nous — du cinéma.
Difficile ensuite car, comme dans toutes les affaires de harcèlement, briser le silence peut conduire à être de nouveau prise pour cible — à ce sujet, on se rappellera de l’affaire Mila où, de concert, les associations d’aide aux victimes de cyberharcèlement, l’établissement scolaire et la quasi-totalité de l’entourage de Mila lui ont conseillé de se taire, de supprimer ses réseaux sociaux, de se faire oublier, de ne surtout pas prendre la parole si elle souhaitait, un beau jour, retrouver une vie normale. Cette injonction au silence par peur d’une nouvelle vague de harcèlement est absolument insupportable et constitue une double peine pour les victimes: d’abord, elles subissent des agissements injustes, immoraux et pénalement répréhensibles, pouvant dans les cas les plus tragiques détruire leur vie jusqu’à l’irréparable; ensuite, on leur intime de disparaître, de ne pas s’en remettre à la justice car “ça ne sert à rien”, “ce n’est qu’Internet”, et enfin on leur propose comme ultime solution de consulter un psychiatre pour guérir de leurs traumatismes (pendant ce temps-là, les harceleurs continuent à exister librement sur la toile en toute impunité, et ne vont surtout pas devenir abonnés aux divans des psychiatres dont ils auraient pourtant cruellement besoin).
Il est pourtant primordial que certaines fassent front et prennent le risque, ce en dépit des potentielles conséquences: dans mon cas, je le conçois comme un devoir moral que j’aurais envers ma fille. Si je veux que celle-ci grandisse dans un monde où elle n’aurait pas à subir ce genre d’expériences, où le harcèlement au sens large serait traqué, stigmatisé socialement et réprouvé à la hauteur de l’(immense) préjudice qu’il occasionne, chaque témoignage compte.
De même, dans un contexte politique où le débat relatif à l’anonymat sur Internet refait surface, et où ce droit à l’anonymat, accompagné de son corollaire essentiel — la liberté d’expression — est menacé par les pouvoirs publics, il me paraît essentiel d’alerter et de lutter fermement contre les individus qui abusent de ces droits jusqu’à les mettre en danger. Car oui, au delà des politiques liberticides menées par les gouvernements, je persiste et signe: les cyber-délinquants sont les PREMIERS responsables du durcissement de la législation en la matière. Oui, la liberté d’expression, lorsqu’elle concerne le domaine des idées et des opinions politiques, doit être absolue. Non, elle n’englobe pas le droit inaliénable et imprescriptible de pousser des jeunes femmes au suicide. Oui, le droit à l’anonymat sur la toile doit être garanti et protégé, et oui, si on ne le protège pas aussi en luttant contre le doxxing (pratique consistant à rechercher et à divulguer sur Internet des informations sur l’identité et la vie privée — réelle ou fantasmée — d’un individu dans le but de lui nuire) au sein des milieux politiques, militants, sociaux et culturels dans lesquels on évolue, alors on est un hypocrite.
Je vous remercie par avance très sincèrement pour votre attention. Bonne lecture.
Première partie
Deux choses essentielles m’ont amenée, à un âge précoce, à me rapprocher des milieux dits “de droite”:
• Comme beaucoup de femmes, une réaction par rapport à ce que je subissais au quotidien. Mon adolescence dans le sud de la France a été ponctuée d’incivilités et d’agressions sexistes et misogynes commises par des étrangers ou des “français” d’origine étrangère. Tout le monde savait que ces individus étaient responsables de la majorité du harcèlement et des agressions de rue perpétrées contre les femmes françaises et natives européennes, mais en parler ouvertement était un véritable facteur d’exclusion sociale. La peur d’être étiqueté comme “raciste” l’emportait sur la nécessité de nommer les problèmes pour pouvoir les résoudre.
• Une raison tenant davantage à ma personnalité et mon parcours de vie: issue d’un milieu populaire, d’une famille brisée aux rapports conflictuels, j’appréciais l’importance accordée aux valeurs familiales par la “droite”, que je ne retrouvais pas au sein de ma sensibilité politique d’origine (anarchiste).
Comme bon nombre de jeunes adultes de mon âge en perte de repères, je traversais également une crise identitaire et souhaitais en apprendre davantage sur l’histoire de mon pays, de mes ancêtres, de ma civilisation. Je pensais que me rapprocher de mes racines me permettrait de mieux comprendre qui je suis, ainsi que comment agir dans un monde dont je ne comprenais pas les codes. À ce sujet, il me paraît important de préciser ma personnalité de type autistique, celle-ci me rendant la compréhension et l’application des codes sociaux extrêmement difficiles.
Ça, c’est ce que je suis venue chercher en me lançant dans le militantisme. Pas exactement ce que j’y ai trouvé.
Ne vous méprenez pas: je n’ai pas l’intention de jeter le bébé avec l’eau du bain. En plus de formidables rencontres, les milieux dits “de droite” ont été une porte d’entrée sur mon héritage, sur des choses essentielles qui structurent ma vie aujourd’hui, comme la redécouverte de mes racines païennes et l’initiation à des disciplines qui me passionnent et dont j’ai fait des sujets d’étude à part entière, tels que la runologie. S’ils n’en détiennent pas le monopole, les milieux “de droite” ont permis mon éveil sur tout un tas de sujets politiques et culturels et je les en remercie. Toutefois, si j’en suis venue à les renier et à les quitter sans regrets, c’est parce que ces découvertes positives ont été largement contrebalancées par les expériences négatives faisant l’objet de ce récit.
Avec le recul, il me semble évident d’avoir été immergée dans des courants de pensée s’étant construits par réaction aux excès et aux absurdités idéologiques de la gauche, et en en étant paradoxalement devenus les exacts pendants, les miroirs.
Relativisme culturel versus essentialisme délirant
Face à l’idéologie de la déconstruction* et du relativisme culturel prônée par la gauche (*tout concept, fût-il ancré dans des réalités purement biologiques, serait une construction sociale qu’il conviendrait de déconstruire), la “droite” essentialise, généralise, catégorise et étiquette à outrance, devenant elle aussi un milieu peu adapté à la libre pensée, aux idées novatrices et, de manière plus générale, à une quelconque évolution.
Ainsi, face à la « théorie du genre » (théorie partant du postulat que sexe biologique et identité de genre sont complètement exclusifs l’un de l’autre et qu’il existe une multitude d’identités de genre autres que “masculin” et “féminin”) la “droite” verse dans un essentialisme tout aussi délirant et poussé à l’excès, avec une obsession quasi-maladive pour l’assignation de chaque sexe biologique à l’identité de genre qui est censée lui correspondre naturellement. Ainsi, les hommes sont intrinsèquement faits pour diriger, gouverner, travailler à l’extérieur et s’accomplir dans le monde des Idées, tandis que les femmes sont faites pour être mères, nonnes ou putains, cantonnées à l’univers purement matériel du travail domestique et sommées d’être les représentantes d’une “féminité” (par opposition à une vision caricaturale du féminisme) caractérisée par ces belles “qualités” que sont la Soumission, la Passivité et le Silence — bref, par cette belle “qualité” qu’est la domestication.
Une contradiction plutôt flagrante qu’il m’a été donnée de relever lors de mon séjour dans ces sphères réside également dans la critique constante (qui me paraît fondée et légitime) de l’hyper-étatisation de notre société dirigée par la gauche, accompagnée de sa volonté toujours croissante de réduire nos libertés individuelles et de museler les voix dissidentes, dans un mépris total de la liberté d’expression. Ceci étant dit, les milieux dits “de droite” se sont révélés être tout aussi rigides et dogmatiques idéologiquement que la gauche étatisée à laquelle ils entendaient s’opposer. Les prises de position sortant du corpus idéologique réactionnaire “classique” n’étaient pas seulement débattues et mises à l’épreuve — ce qui me paraît normal dans des milieux ayant la culture du débat — mais leurs porteurs de voix (a fortiori lorsqu’il s’agissait de porteuses) sévèrement vilipendés et ostracisés dans le but d’être réduits au silence.
La « féministe hystérique » et la « tradwife«
L’exemple du féminisme occidentaliste porté par Solveig Mineo me semble être l’exemple le plus flagrant pour illustrer mon propos. Je suis en effet convaincue que cette forme de féminisme est la plus représentée de façon empirique chez les femmes occidentales : en effet, le féminisme “mainstream” dit “de gauche” ou “intersectionnel”, arrosé de subventions publiques, a largement démontré sa trahison des femmes occidentales. Les femmes blanches, de culture occidentale et de sensibilité athée (la majorité des femmes occidentales, donc) ne peuvent décemment pas s’y retrouver, à moins de poser le genou à terre et de se soumettre aux intérêts d’extrémistes religieux à l’exact opposé des leurs — en bref, de renier le féminisme.
À l’opposé du spectre politique, l’antiféminisme réactionnaire parle encore moins aux femmes occidentales, et la dichotomie faite par la “droite” opposant féministe “hystérique” tendance “social justice warrior” à “tradwife” (*femme traditionnelle soumise des années 50) est complètement absurde et déconnectée de la réalité. Les tendances social justice warrior et tradwife, en plus de ne représenter quasiment personne dans la vie réelle, sont deux formes de militantisme religieux aux antipodes des préoccupations des femmes occidentales : d’un côté, on a la religion du “Progrès”, entendu négativement comme synonyme de déconstruction (j’insiste sur la neutralité du mot progrès), de l’autre le christianisme traditionaliste. Pardonnez-moi, mais je connais assez bien les femmes pour savoir que l’écrasante majorité d’entre-elles ne se reconnaît ni dans les délires déconstructivistes du “féminisme” de troisième génération, ni dans les contorsions idéologiques des “féministes” intersectionnelles, qui tentent par des acrobaties incroyables de conjuguer féminisme, religions patriarcales importées et accueil inconditionnel d’individus de culture intrinsèquement misogynes, et antiféminisme réactionnaire entendant les priver de droits qu’elles considèrent comme fondamentaux et acquis.
« Les “pères” démissionnaires, ces grands absents des discours stéréotypés de la “droite” réactionnaire, pourtant jamais à court de superlatifs lorsqu’il s’agit de vilipender les mères célibataires »
Malgré ce marché porteur du féminisme “droitisé”, la “droite” refuse de sortir de son logiciel perdant et repoussoir de l’antiféminisme béat, de même qu’elle s’obstine à vouloir réduire les droits et libertés des femmes au nom des valeurs familiales, sans jamais défendre ces dernières par la promotion de mesures positives et génératrices de nouveaux droits pour tous.
Par exemple, et ce après des années de présence dans ces sphères, je n’ai jamais (ou très peu) entendu quelqu’un promouvoir l’allongement de la durée des congés parentaux, la réduction du temps de travail scolaire — à l’image de ce qui se fait dans certains pays Européens — au profit d’activités extrascolaires et d’une éducation plus “familiale”, ni même la revalorisation des allocations familiales dans une perspective nataliste — on parle plutôt, dans certaines franges conservatrices, d’octroyer un “salaire” aux femmes aux foyer mariées uniquement.
En revanche, il y a toujours du monde pour lutter au nom de “l’intérêt supérieur des enfants” contre la PMA pour toutes, dite “sans père”. L’objet de cet article n’étant pas de discuter du bien-fondé des revendications de La Manif Pour Tous, je vais donc m’abstenir de dire ce que j’en pense, simplement relever qu’il s’agit là, encore une fois, de barrer exclusivement la route à de nouveaux droits accordés aux femmes en prenant l’intérêt supérieur des enfants en otage. Pourquoi exclusivement? Parce que je n’ai jamais, par exemple, entendu ces militants s’insurger des abandons de famille au nom de l’intérêt supérieur des enfants, promouvoir des mesures telles que la facilitation des reconnaissances forcées de paternité, mesure qui permettrait d’assurer à minima la participation financière du “père” démissionnaire à l’entretien et l’éducation de l’enfant. Parlons-en, des “pères” démissionnaires, ces grands absents des discours stéréotypés de la “droite” réactionnaire, qui n’est pourtant jamais à court de superlatifs lorsqu’il s’agit de vilipender les mères célibataires, considérées ni plus ni moins comme responsables de tous les malheurs du monde. La mère célibataire, cette femme qui a pourtant eu le courage — selon les standards réactionnaires — d’embrasser son rôle naturel de mère en refusant la “facilité” de l’avortement, est dépeinte comme une femme foncièrement dangereuse et destructrice de civilisations, ce à coups d’ “études” biaisées et orientées idéologiquement comparant les taux de criminalité, de délinquance, de suicide (…) des enfants issus de familles monoparentales et ceux issus de familles “traditionnelles”. Ce genre d’étude, évidemment biaisée en ce qu’elle n’indique pas de quels milieux sociaux sont issues ces familles monoparentales, de quels moyens financiers elles disposent pour assurer à leurs enfants un cadre de vie sain et sécurisé, ainsi que les autres facteurs criminogènes à prendre en compte (toxicomanie, alcoolisme, violence etc), sont utilisées comme appuis “scientifiques” par les milieux de “droite” pour stigmatiser les mères célibataires et lutter contre la PMA “sans père” dans “l’intérêt supérieur des enfants”. Pourtant, s’attacher à réduire ces facteurs criminogènes via la reconnaissance forcée de paternité, ainsi que par un soutien financier plus conséquent à celles qui en ont le plus besoin (oui, il s’agit bien des mères célibataires et non des femmes au foyer bourgeoises et mariées) dans “l’intérêt supérieur des enfants” ne fait pas partie du programme.
Ce “deux poids-deux mesures” s’explique en grande partie par la proximité de la “droite” avec la manosphère et le masculinisme (ensemble d’idées, de revendications qui cherchent à promouvoir les droits des hommes et leurs intérêts dans la société civile, en affirmant notamment qu’ils sont victimes des « excès » du féminisme). On peut encore une fois s’interroger sur la contradiction évidente consistant à critiquer l’étatisme d’une part, et reprendre à son compte les théories et revendications loufoques des masculinistes réclamant toujours plus d’État d’autre part. Parmi ces revendications, on ne cite plus le bien-nommé communisme sexuel, qui part du postulat que tout homme, indépendamment de ses mérites et de ses efforts personnels ainsi que de sa condition mentale, sociale et physique, aurait DROIT à une femme. Ainsi la société toute entière, avec le concours de L’État, devrait se mobiliser pour interdire la liberté sexuelle des individus et fournir une épouse bien bâtie, vierge, docile et douée en cuisine à ces Messieurs PARCE QUE BORDEL ILS ONT LE DROIT.
Si je devais résumer mon propos, je dirais qu’en tant que personne éprise de liberté intellectuelle et lassée du formatage idéologique de la gauche qui confine quasiment au stalinisme, je n’ai pas trouvé à “droite” ce que j’étais venue y chercher. J’ai trouvé un milieu dominé par la réaction à la gauche et qui n’a rien à lui envier en matière de déconnexion totale des réalités. J’ai trouvé un milieu qui ne veut pas gagner, qui se complaît parfaitement dans un rôle de figure d’opposition et des prises de position volontairement caricaturales et repoussantes.
Le harcèlement en milieu conservateur n’est pas un phénomène marginal
En tant que femme, arrivée dans ces milieux modérément féministe, qui s’est toujours attachée à critiquer des comportements prétendument marginaux au sein de sa famille politique sans jamais verser dans une forme de misandrie débile, j’ai trouvé un milieu déterminé à faire taire les femmes qui n’acceptent pas de servir de vitrine à l’agenda réactionnaire. Et encore… Jouer le jeu, c’est accepter de devoir faire des pirouettes permanentes pour satisfaire des exigences foncièrement contradictoires: il est de bon ton de paraître “féminine” et attirante (par opposition aux féministes prétendument “laides”, “masculines” et “repoussantes sexuellement”) tout en adoptant une apparence et une attitude pudibonde. On sera félicitées d’exposer notre vie de mère au foyer “dévouée” tant que notre présence demeure raisonnablement discrète (une “vraie femme” ne s’expose pas publiquement à outrance, elle est censée devoir se satisfaire uniquement de l’attention que lui apporte son Mari et Maître). On attendra de nous de satisfaire des exigences irréalisables de “pureté” tout en admettant toutes les largesses et compromissions possibles quant aux moeurs plutôt libérées de nos leaders d’opinion favoris – car oui, la réaction à l’égalitarisme fou prôné par la gauche se manifeste à “droite” par la consécration de l’inégalité en droits et considération entre les hommes et les femmes, cela sous couvert de respect de “l’ordre naturel”… Car Mère Nature, il est important de la respecter, sauf quand il s’agit de pester contre des phénomènes naturels vieux comme le monde, tels l’hypergamie* féminine (*le fait pour une femme de sélectionner librement, parmi ses prétendants, le conjoint au statut le plus élevé).
On sera encensées, promues, relayées, si l’on dénonce courageusement la misogynie étrangère et religieuse importée… Mais sommées au silence si l’on souhaite faire preuve d’honnêteté et dénoncer aussi la misogynie indigène, car il ne faudrait surtout pas “semer la division” et “alimenter la guerre des sexes” dans nos rangs (ce qui pose étrangement moins problème à “nos rangs” lorsque c’est la manosphère qui se tape l’incruste).
J’entends d’ici là les accusations de schématisation, de généralisation de comportements marginaux à l’ensemble d’un milieu militant… Si tel est bien le cas, comment expliquer les efforts colossaux qui ont été déployés pour réduire au silence le peu de femmes osant dénoncer publiquement ces courants de pensée “marginaux”? Comment expliquer que des milieux se voulant les gatekeepers des libertés individuelles des citoyens face à l’immixtion de l’État, de leur droit d’exprimer leur opinions politiques et de ne pas être doxxés, fichés et ostracisés socialement pour cela, restent régulièrement silencieux lorsque certains de leurs militants redoublent d’ingéniosité pour fouiner et exposer publiquement la vie privée des gens qui ne leur conviennent pas ? Les réponses à ces questions (elles vont vous surprendre) feront l’objet de la seconde partie de ce témoignage.
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