Alors qu’elle sortait de l’hôpital Lariboisière, une jeune femme enceinte a été agressée au couteau mardi à quelques mètres de la salle de shoot de la rue Ambroise Paré (Xe). Les riverains sont en colère. Depuis un an et demi, les incivilités, cambriolages, intrusions, scènes de deal, injures, jets de seringues, injections de drogue en public et bagarres rythment leur quotidien. Cette agression, rapporte le Parisien, c’est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase, dans un quartier sous tension depuis des mois ».
«Nous n’avons jamais connu une telle insécurité »
Un habitant du quartier s’est occupé de la victime avant l’arrivée de la police : «Cette jeune femme sortait de l’hôpital Lariboisière où elle avait rendu visite à son père, et venait de s’engager dans l’escalier qui mène au parking souterrain, lorsqu’un homme, sous la menace d’un couteau, a tenté de lui arracher son sac à main. Elle pleurait, était en panique totale et commotionnée. Très choquée. Je l’ai encouragée à porter plainte. Sans qu’un lien avec la salle de shoot soit établi, il n’en demeure pas moins que jamais, avant l’ouverture du lieu, voici plus d’un an, ce quartier n’avait connu une telle insécurité et une telle série d’agressions. Nous n’en pouvons plus. »
« Un important progrès en terme de santé publique »
Ouverte en octobre 2016, la salle de shoot « un important progrès en termes de santé publique » aux yeux de Rémi Féraud, maire socialiste du Xe arrondissement. Pour la mairie de Paris, « le bilan est globalement positif ». Ceux qui y vivent ne sont pas de cet avis.
La dégradation du cadre de vie des habitants requiert désormais une surveillance policière accrue. Le secteur Lariboisière-Gare du Nord a récemment été intégré à la Zone de sécurité prioritaire (ZSP) du XVIIIe arrondissement élargie.
Le climat n’en demeure pas moins «extrêmement anxiogène» : «Nous avons rencontré le préfet de police, Michel Delpuech il a y a dix jours et lui avons transmis un recueil de plusieurs dizaines de pages, horodaté et illustré de photos, des incidents survenus ces six derniers mois dans notre quartier, souligne un membre du collectif Riverains Lariboisière Gare du Nord, qui vient d’être associé au comité de suivi de la ZSP. Nous avons bénéficié d’une écoute attentive et bienveillante. »
« Sur 180 jours, nous avons recensé 157 délits »
Le collectif exige depuis des mois le déplacement de la salle de consommation dans un quartier sans riverains ni commerçants. Dans un épais document aux allures de cahier de doléances ils recensent le nombre de shoots de rue observés — parfois devant des enfants — , de scènes de deal, d’Autolib’ squattées par des toxicomanes et de seringues abandonnées., de vitrines brisées des commerçants, de cambriolages, de bagarres, d’invectives aux passants et d’intrusions dans les halls d’immeubles.
Bilan : «Sur 180 jours, nous avons recensé 157 délits… Ce qui signifie que 9 jours sur 10, un problème est signalé dans le quartier. » La préfecture de police a procédé sur la même période à 4 000 contrôles aux abords de la salle, parmi lesquels près de 1 500 ont relevé d’une infraction pénale.