Le parlement russe est en passe de dépénaliser les violences conjugales au nom de la défense de la famille traditionnelle. L’instigatrice de cette proposition ? Une femme, Yelena Mizulina, députée ultra-conservatrice et présidente du comité sur la famille et les affaires féminines.
Jeudi 12 janvier, en première lecture, le projet de supprimer les charges de violences conjugales du code pénal russe a remporté 368 voix sur 370 : un député a voté contre, l’autre s’est abstenu. “Les sanctions pénales [pour coups et blessures] ne doivent pas contredire le système de valeurs sur lequel repose notre société”, a plaidé Yelena Mizulina dans son discours à la Douma. Pour la députée, il s’agit avec cette mesure de préserver « la tradition de l’autorité parentale » et d’éviter « que les gens soient emprisonnés pendant deux ans et étiquetés comme des criminels pour le reste de leur vie pour une gifle. »
Le combat de Yelena Mizulina remonte à juillet 2016, lorsque la Russie s’est pour la première fois dotée d’une législation spécifique concernant les violences domestiques. Depuis cet été, l’article 116 du code pénal relatif aux voies de fait intègre la notion de « proches » : les parents, le conjoint, les frères et soeurs du suspect. Un fait divers a permis à Yelena Mizulina de pointer du doigts le danger que fait planer selon elle le nouveau cadre législatif sur la famille traditionnelle russe : l’histoire d’une mère de famille poursuivie pour avoir giflé sa fille de 17 ans qui lui avait volé de l’argent pour fuguer.
D’après Terrafemina, cette nouvelle loi pourrait pratiquement supprimer « toute possibilité pour les victimes de violences conjugales ou familiales de porter plainte contre leur agresseur. Les coups qu’elles ont subis seraient rétrogradés en simple amende et leurs bourreaux ne feraient l’objet de poursuites que si les coups familiaux avaient lieu plus d’une fois par an. »
Selon les statistiques officielles, chaque année en Russie, 36 000 femmes sont battues par leur conjoint et 40% des crimes sont commis dans la sphère familiale.