Sous la pression d’un intense lobbying chrétien, la Cour Suprême des Etats-Unis d’Amérique vient d’annoncer qu’elle ne considère plus le droit à l’avortement comme un droit constitutionnel (CNN). Concrètement, cette décision permettra aux différents états d’interdire toute forme d’avortement quels que soient le motif et les circonstances, y compris le viol et les graves problèmes de santé. Le pays est renvoyé cinquante ans en arrière à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique «Roe v. Wade» de 1973, quand chaque État était libre d’autoriser l’avortement ou non. Le juge à la Cour Suprême chrétien conservateur Clarence Thomas a annoncé sa ferme intention d’aller plus loin et de remettre en question le droit à la contraception et la légalité des unions homosexuelles (source).
Le suprémacisme chrétien ne fait l’objet d’une remise en question globale dans aucune des deux forces politiques dominantes des Etats-Unis et d’Occident, à savoir les conservateurs et la gauche. La plupart des organisations historiques de défense du droit à l’avortement refusent toujours d’aborder clairement le problème du christianisme politique. Ainsi, dans ses divers communiqués, le Planning familial américain a une nette tendance à ne pas nommer le lobby chrétien et lui substitue le terme de « suprémacisme blanc », alors même qu’un nombre croissant de militants anti-avortement est issu des communautés afro-américaines et latino-américaines, et que de nombreux militants chrétiens anti-avortement font montre d’un antiracisme appuyé, allant jusqu’à qualifier l’avortement de « black genocide ». De plus, les chrétiens conservateurs anti-avortement n’hésitent pas à travailler main dans la main avec des pays musulmans et chrétiens tels que le Pakistan, l’Ouganda, l’Egypte et le Soudan, comme le fit Donald Trump à la fin de son mandat.
Les femmes payent aujourd’hui le prix de l’unanimité bourgeoise autour de la préservation des intérêts chrétiens, tant à gauche que chez les conservateurs.