Belgique : lors d’un débat télévisé, un élu islamiste refuse de regarder les femmes présentes et de leur serrer la main

Redouane Ahrouch, élu local belge islamiste, fondateur du parti ISLAM et candidat aux élections communales de 2018, revendique de ne pas serrer la main aux femmes et d’éviter tout contact, même visuel, avec elles. Invité le 10 avril à un débat politique sur la chaîne RTL-TVI, Redouane Ahrouch a refusé de serrer la main aux femmes présentes sur le plateau, de regarder dans les yeux la journaliste Emmanuelle Praet, et a interdit à la maquilleuse de l’émission de l’approcher. Au cours du débat, il a revendiqué son attitude hostile en invoquant le Coran, la liberté et les coutumes des Inuits.

L’histoire a tout d’une blague belge, mais elle est tristement sérieuse. Loin d’être anecdotique, le refus du contact avec les femmes devient une revendication politique insistante dans de nombreuses villes belges et françaises présentant un important peuplement musulman.

« On se sent comme une moins que rien »

Emmanuelle Praet a confié s’être « sentie choquée et offusquée par son comportement, c’est terrible à voir et humiliant à vivre. On se sent comme une moins que rien et ce qui fait peur, c’est que je ne pense pas que ce soit un jeu de sa part ». Critiquer fermement l’islamisme n’est pas de tout repos. En 2016, peu après les attentats de Bruxelles, Emmanuelle Praet avait été accusée de sympathies « nazies » pour avoir critiqué un happening d’un militant des droits d’homme. La voici désormais traitée en pestiférée devant caméras par un islamiste sûr de ses droits.

De son côté, le vice-président du parti Islam, Abdelhay Bakkali Tahiri, a joué la carte de la victimisation : « Je suis consterné de voir qu’on réduit le débat à une poignée de main ou à un regard. On est dans une démocratie où la liberté d’expression doit être appliquée. Ici, ce qui est regrettable, c’est que le débat de fond est oublié. C’est une provocation de se centrer seulement sur une attitude, on est pas là pour une poignée de main ou pour regarder les gens mais pour débattre avec eux« .

Redouane Ahrouch n’est ni un humoriste, ni un agitateur public. Il est le fondateur du très sérieux parti ISLAM (acronyme d’Intégrité – Solidarité – Liberté – Authenticité – Moralité) et a été élu en 2012 conseiller communal à Anderlecht, dans la banlieue de Bruxelles.  C’est le plus sérieusement du monde qu’il revendique à la télévision son souhait de voir la Belgique « suivre la Charia » et de créer un « Etat islamique ». Et c’est tout aussi sérieusement que des citoyens belges l’ont élu, lui, ainsi qu’un deuxième candidat à Molenbeek-Saint-Jean, dont le nom est désormais associé à celui de Salah Abdelsam. En toute légalité, un élu islamiste « participe au travail législatif du conseil communal et comme tout parlementaire, il contrôle l’exécutif (le Collège des bourgmestre et échevins). Il peut interpeller celui-ci, l’interroger et critiquer son action« . L’homme est également chauffeur de bus au sein de la STIB, compagnie de transports publics.

Avant de fonder le parti ISLAM en 2012, Ahrouch a présidé le parti Noor, qui militait pour « favoriser le mariage à l’adolescence », promouvait la « sévérité pour les divorces » et entendait « revoir la mixité dans certains lieux publics ». Dans le programme du parti ISLAM, « les préoccupations sociales, majoritaires (revenu universel, baisse du temps de travail, justice fiscale) côtoient les revendications islamistes, résume Marianne : permettre la polygamie, revenir sur toutes les lois « anti-voile », restreindre de l’avortement, interdire le tabac, les tatouages, les piercings et l’euthanasie ».

En avril 2003, Ahrouch a été condamné à six mois de prison avec sursis pour coups et blessures avec incapacité de travail sur son épouse et menaces écrites. Il n’a bien sûr jamais mis un orteil en prison.

Aux élections d’octobre 2018, le parti présentera 6 listes, soit le triple de 2012. Le parti est tenu par des musulmans chiites se réclamant du modèle théocratique iranien. Qu’adviendrait-il si un nouveau parti du même type se réclamait de l’islam sunnite, branche la plus largement représentée en Belgique ? Sans compter qu’un parti n’a pas besoin d’être majoritaire pour peser dans les décisions collectives.

Nouvelle ségrégation

En France aussi, les revendications ségrégationnistes se multiplient. Dans les communes à forte population musulmane, des horaires de piscine réservés aux femmes sont revendiqués, et parfois accordés. Idem pour les clubs de sport. Avec toujours le même chantage : si l’on n’organise pas la ségrégation, les femmes musulmanes pratiquantes seraient « obligées » de rester chez elles, privées de sport.

La RATP est confrontée à des cas de salariés refusant de serrer la main à leurs collègues féminines. La semaine dernière, une émeute anti-police a éclaté à Toulouse en réaction à un contrôle de femme en niqab. Le mois dernier à Bourges, lors d’une cérémonie d’hommage au lieutenant-colonel Beltrame, héros de l’attentat de Trèbes, deux responsables musulmans ont refusé de serrer la main de la préfète du Cher, Catherine Ferrier.

Le voile, marqueur de séparation physique des hommes et des femmes, est ouvertement promu par une association subventionnée par le Conseil Général du Val de Marne, sous couvert d’ouverture à la diversité. Cette association, qui conteste l’interdiction des signes religieux à l’école, intervient régulièrement au sein d’établissements scolaires publics.

Devra-t-on créer sans cesse de nouveaux délits vestimentaires ou comportementaux pour contrebalancer cette nouvelle ségrégation ? Les interdits sont sans cesse contournés. A Lille, des intégristes musulmanes ont obtenu des horaires spéciaux à la piscine en prétextant que bon nombre d’entre elles sont obèses. Un peu partout en France, une autre combine médicale est utilisée pour, cette fois-ci, porter le niqab. On enfile un jilbeb, on met un masque de chirurgien, on se fait faire un certificat de complaisance, et le tour est joué. Et de toute manière, le risque d’émeutes à la toulousaine en cas de verbalisation d’une femme en niqab dissuadent sans doute la police de faire appliquer la loi dans un certain nombre de zones.

Doit-on faire un effort d’ouverture pour éviter que toute une frange de la population ne se jette dans les bras des radicaux ? C’est ce qu’a fait la Grande-Bretagne et l’islamisme s’y porte à merveille. Il y en a pour tous les goûts, du plus sucré au plus terroriste. On s’émerveille des joies de la burqa sur la BBC. Les modèles d’intégration et d’urbanisme sont très divers en Occident mais les échecs se ressemblent.

 

 

Au risque de gâcher la fête des solutions miracle, j’aimerais tenter quelques hypothèses en l’air. Et si le poids de l’islam dans une société était corrélé au nombre de musulmans dans cette société ? Et si l’islamisation des revendications avait un rapport avec l’islam ? Et si les changements de comportements étaient liés à un changement de population ? Est-il fantaisiste de supposer que dans un rapport de force, le nombre puisse avoir quelque importance ? Est-il improbable, que tout simplement, beaucoup de gens n’aient pas envie d’adhérer à la totalité des des normes occidentales et se sentent plus proches de leurs proches que des valeurs d’une nation ?

Je ne pourrai pas empêcher les lecteurs outrés de poster leur commentaire désapprobateur, mais j’aimerais, pour nous épargner bien des fatigues, rappeler que presque personne (ni moi, ni vous) n’est capable d’interpréter correctement un texte sacré et relever qu’en ces temps de soumission, « ça n’a rien à voir » est devenu en français la nouvelle manière de dire « ce n’est pas exactement pareil ».